mercredi 19 février 2014

Le coût d'une médaille

Ce matin, j'ai sursauté en lisant LaPresse+. Dans le coin d'une page de la section opinion, un petit commentaire de quelques lignes, assassin. Un raccourci intellectuel ridicule, mais qui reflète probablement la pensée de plusieurs, malheureusement.

Un lecteur souligne le fait que: "25 millions ont été investi via le programme À nous le podium, pour préparer nos athlètes en vue de Sotchi. Jusqu'à maintenant, ils ont remporté 17 médailles, ce qui revient à près de 1.5 million par médaille. Est-ce un bon investissement?". 

Le programme À nous le Podium, permet aux athlètes d'obtenir les services de divers professionnels. Ces professionnels, sont essentiels dans le cheminement vers l'excellence. Ils coûtent cher pour des athlètes amateurs(en grande majorité). C'est précieux d'y avoir accès. Ces professionnels, ils paient aussi des impôts au gouvernement, ils chargent des taxes quand ils vendent leurs services. Oui, l'argent sort d'un coté mais il en revient une partie. C'est des emplois qui sont créés. Ce n'est pas qu'un don, c'est un investissement. 

À nous le podium investi aussi dans le développement scientifique de matériel de pointe. Quand Apogee, entreprise 100% Québécoise , ayant pignon sur rue à Ste-Foy, développe de nouveaux skins pour les patineurs de vitesse, c'est l'industrie canadienne qui rayonne pour son développement et son innovation. Apogee fabrique les vêtements qui sont portés par plus de 5 équipes nationales présentement aux Olympiques. Ils développent aussi des équipements de protection qui sont vendus partout dans le monde, parce que les tissus sont révolutionnaires et qu'ils offrent une niveau de protection supérieur à tout ce qui s'est fait jusqu'à maintenant. Des tissus et vêtements entièrement fabriqués ici, au Canada. (Ici au Canada, comme dans pas en Chine. Pas non plus conçu ici fabriqué la-bas.) Est-ce que cela n'a aucune retombée pour le Canada? Il s'agit de nombreux emplois, de rayonnement, d’impôts, de taxes... On aurait aussi pu continuer de porter des vêtements produits par une compagnie fondée au Japon.  Et là ce n'est que l'exemple d''une compagnie.

Le financement du sport tournera toujours autour d'une éternelle question; financer l'élite ou le récréatif? Le financement de l'élite rapporte toujours à la communauté. Les infrastructures nécessaires à l'élite profite également au sport récréatif et à la communauté. La présence d'élite dans un milieu aide énormément à la transmission du savoir dans le sport. Et, l'élite, c'est souvent ce qui incite les jeunes à débuter dans un sport. Parents; combien de jeunes ont eu envie de faire du ski de bosses après les Dufour-Lapointe, Kingsbury et Bilodeau? Les clubs sportifs pourront tous vous le dire; dans l'année post olympique, les inscriptions(ou demande d'inscriptions, selon les places disponibles) subissent toujours une hausse importante. Sans en faire de futurs champions, l'élite contribue à mettre des gens inactifs en action, elle contribue à instaurer de saines habitudes de vie. Un lègue précieux, que si on ne peut en mesurer directement les retombées, elles sont pourtant réelles et non négligeables. Et nos athlètes, ils sont souvent de magnifiques modèles pour nos jeunes(et moins jeunes), ça aussi c'est important; avoir des modèles.

Oui, le Canada n'atteindra pas l'objectif qu'il s'était fixé. Dommage. Dommage mais malgré tout, nos athlètes ont su démontrer de belles choses. Et oui, c'est un bon investissement. Non, on ne compte pas le rendement de cet investissement par le coût de revient par médaille.

On a vu de magnifiques choses pendant ces jeux. Un coach de ski de fond qui aide un adversaire. Un patineur qui cède sa place à un autre, pour l'équipe. Une athlète qui sait laisser les chutes derrière elle pour aller cherche une médaille en équipe. Une équipe qui prend la chute d'un coéquipier en équipe. Des exemples dont on entendra sûrement souvent reparler dans nos écoles, dans nos vestiaires et dans nos salons. 

Valérie Maltais au 1000m
Photo Paul Chiasson/ La Presse Canadienne
Et j'ai un gros BLEH à faire à plusieurs. J'ai mal au cœur d'entendre dire que Harvey préfère blâmer ses farteurs plutôt que skier. J'ai mal au cœur d'entendre dire qu'un champion du monde qui ne tient pas sur ses patins, ce n'est pas fort. Aller voir son parcours à Charles Hamelin, peu dans le monde en ont du genre. Les chutes, ça fait partie du courte piste. Il aurait pu blâmer la glace, il ne l'a pas fait, il a avaler ses chutes, sans chercher de coupable publiquement. Tout à son honneur. Oui, c'est décevant. Déçue pour eux et non déçue d'eux. Dommage que l'on accorde plus de place aux chutes qu'au nouveau record établie par Valérie Maltais.



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